Le « sit spot » : un petit lieu dans la nature pour se recentrer, se relier et coopérer

Parmi les gestes simples qui peuvent transformer notre rapport à l’éducation, à nous-mêmes et au monde, il y a celui-ci : revenir, régulièrement, au même endroit dans la nature. Un lieu choisi, intime, familier. C’est cela, le sit spot.

Qu’est-ce qu’un « sit spot » ?

Le sit spot, c’est un petit coin de nature qu’un enfant (ou un adulte) choisit pour y revenir encore et encore. Ce peut être un tronc d’arbre, un rocher, une souche, un creux de terrain… Un espace qui devient le sien, non pas par possession, mais par relation.
C’est un lieu d’observation, de calme, d’écoute, de solitude parfois, et souvent de reconnexion.

D’où vient le concept de sit spot ?

Le sit spot s’ancre dans plusieurs traditions pédagogiques et culturelles.

🌲 Les écoles de la forêt (Forest Schools)

Dans les pays nordiques, les écoles de la forêt ont été les premières à institutionnaliser cette pratique dans les années 1950. Les enfants passent plusieurs heures en forêt, souvent sur un lieu attitré qu’ils retrouvent à chaque séance.

Un article inspirant ici (je rêve de ce petit atelier et du coin sieste !) : Manipani (parentalité scandinave).

Au Canada et au Québec, ces pédagogies ont été reprises et adaptées dans des contextes scolaires ou communautaires, notamment à travers les initiatives de type classe nature.

🌿 Une pratique inspirée des savoirs autochtones

Le fait de revenir régulièrement au même lieu dans la nature se retrouve aussi dans de nombreuses cultures autochtones. Il s’agit de tisser un lien vivant avec un territoire, de l’écouter, de l’honorer, de s’y rendre attentif.
Le naturaliste Jon Young, formé auprès de mentors autochtones, a largement contribué à diffuser le concept du sit spot dans les milieux éducatifs nord-américains. N’hésitez pas à consulter sa chaîne de podcasts : The Outside Professor.

Pour lui, un sit spot est un maître silencieux : un lieu qui enseigne par la patience, l’observation et la présence.

🧘 Une pratique de pleine conscience

Aujourd’hui, le site spot est aussi utilisé dans les approches de pleine conscience en nature, de bains de forêt (shinrin-yoku au Japon), ou encore dans l’éducation au développement durable. Il devient un espace d’ancrage et de ralentissement dans nos vies pressées.

Les bienfaits du sit spot : attention, présence et stabilité

Les études sont nombreuses à confirmer les bienfaits d’un contact régulier avec la nature :

• Une étude de l’Université de Chicago (Berman et al., 2008) montre que 20 minutes en milieu naturel suffisent à améliorer la concentration, notamment chez les enfants atteints de TDAH.
• Au Québec, des projets de la Fondation Monique-Fitz-Back montrent que les enfants en nature sont plus calmes, plus attentifs et plus coopératifs.
• Le simple fait de revenir toujours au même endroit renforce le sentiment d’appartenance, la patience, l’observation fine et la connaissance du vivant.

En s’asseyant dans son sit spot, on ralentit. On se reconnecte à soi, au monde, et à l’instant présent.

Mon expérience : deux sit spots pour deux rythmes

De mon côté, j’ai deux sites spots :

• Un site principal, un peu plus loin, où j’essaie d’aller chaque semaine.
• Et un sit spot de secours, plus proche, quand j’ai moins de temps.

Parfois, 10 minutes suffisent. J’y vais seule, je m’assieds, j’écoute. Je respire. Je ne fais rien, et pourtant je fais tout : je me recentre. Je prépare d’ailleurs une vidéo sur cette pratique que je publierai ici très bientôt.

En classe : un outil de coopération et de respect

Intégrer le sit spot dans le cadre scolaire change en profondeur la dynamique de classe. Les enfants apprennent à respecter le vivant, à observer sans déranger, à prendre soin de leur lieu.
Et, naturellement, cette posture se prolonge dans leurs relations humaines.

Coopérer avec la nature, c’est apprendre à coopérer avec les autres.

Le climat de classe devient plus serein. Les conflits diminuent. Les enfants perçoivent qu’ils font partie d’un tout, et ils ont moins envie de détruire ce tout. Cette écologie relationnelle nourrit leur sens de l’unité, du respect, et de la responsabilité.

Pour aller plus loin

J’ai déjà abordé brièvement le sit spot dans un autre article sur l’école de la forêt, où il s’inscrit dans une approche globale d’apprentissage par la nature. Vous pouvez le lire ici :
👉 Les piliers de mon projet

En conclusion

Le sit spot, c’est une pratique simple, accessible à tous, mais profondément transformatrice. Que ce soit pour un enfant, un adulte, un enseignant ou une classe entière, il ouvre une porte vers la présence, la paix intérieure et l’harmonie avec le vivant.

Il suffit d’un petit coin de nature. Et d’y revenir. Encore et encore.