
La récréation, un terrain d’apprentissage coopératif
On a longtemps considéré la récréation comme un temps de pause, une respiration entre deux « vrais » temps d’apprentissage. Pourtant, dans ma classe coopérative, elle est pensée comme un moment à part entière du parcours éducatif des élèves. Une scène de vie intense où se construisent les relations sociales, les compétences psychosociales, et les réflexes de citoyenneté.
Un cadre qui rend la coopération possible
Rendre ce temps fructueux demande, comme toute séquence d’enseignement, une préparation en amont et une régulation en aval. Rien n’est laissé au hasard : les espaces sont repérés et ritualisés (zone ballon, jeux calmes, cible…), les responsabilités sont clairement réparties (lire mon article sur les métiers de la classe : ICI).
- Le paysagiste veille à la propreté de la cour.
- Le bagagiste gère le matériel de récréation et son rangement.
- Le délégué tient lieu de médiateur en cas de conflit ou de tension.

Un tableau d’inscription est rempli le matin par les élèves : chacun choisit son activité (jeu collectif, jeu d’adresse, jeu individuel…). Nous avons récemment renouvelé nos propositions avec des jeux comme le turn ball, le jeu de poche, la cible, du volley simplifié ou des jeux d’adresse (échasses, bilboquets…).



Un temps d’apprentissage reconnu dans les textes
Le Bulletin Officiel n°25 du 23 juin 2022 rappelle que « les temps de récréation participent à l’éducation à la vie collective et à l’apprentissage de la citoyenneté ». Dans les programmes du cycle 3, on retrouve également cette idée à travers l’enseignement moral et civique : savoir vivre ensemble, coopérer, exercer son jugement moral et son esprit critique.
La cour devient alors un laboratoire du vivre-ensemble où les élèves expérimentent les valeurs que nous défendons en classe.
Le conseil coopératif, outil de régulation
Le débriefing après la récréation est tout aussi essentiel. C’est dans le cadre du conseil coopératif que l’on évoque les réussites, les éventuelles tensions, les jeux trop accaparés… Plutôt que de mettre en place des roulements imposés, nous préférons inviter les élèves à réfléchir à leur comportement : « Est-ce que tout le monde a pu profiter ? Est-ce que j’ai laissé de la place aux autres ? »
Comme le rappelle Philippe Meirieu, l’objectif de l’école n’est pas de faire obéir, mais de faire grandir. Les systèmes imposés (roulement, sanctions automatiques…) sont des béquilles utiles mais temporaires. Ils doivent laisser place à une vraie appropriation des règles communes par les enfants eux-mêmes.
Un climat d’entraide qui se construit
Ce qui frappe un visiteur dans notre minuscule cour d’école, ce n’est pas la taille de l’espace, mais l’ambiance qui y règne : cohésion, encouragements, rires partagés. Ce climat n’est pas tombé du ciel. Il est le fruit d’un travail long et exigeant, semé de discussions, d’essais, d’ajustements… mais tellement porteur.
À l’approche de la fin de l’année, les conflits sont devenus très rares. Les élèves savent désormais qu’ils peuvent agir pour améliorer la vie du groupe. Parce qu’ils savent qu’ils en sont responsables, ensemble.
Je partagerai dans cet article quelques photos de notre organisation et de nos jeux en récréation. Si cet article vous a inspiré ou donné des idées, n’hésitez pas à les partager !
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