La classe coopérative jour après jour
A la lecture des commentaires en réponse à mes différentes publications, une sorte de consensus s’affiche : les pédagogies coopératives font autant rêver qu’elles n’effraient. Franchir le pas ressemble à un saut dans l’inconnu. Et c’est le cas ! Si vous révolutionnez votre fonctionnement du jour au lendemain, tout le monde sera rapidement perdu.

D’où l’envie de rédiger cet article et de répondre à cette épineuse question : par quel bout commencer ?
Les liens avant les besoins
Si, lorsque vous lisez mes articles, ce qui peut vous avoir attiré, c’est le travail en groupe, les corrections individualisées, les plans de travail, ce ne sont pourtant que des outils utiles au quotidien pour atteindre l’objectif que je me suis fixé : une classe sereine et solidaire. Une classe coopérative est une classe qui, dans l’idéal, règle ses conflits, ne laisse pas sa place au harcèlement scolaire, combat les injustices. Entendons nous bien, je vous décris un idéal à viser, je suis loin d’avoir cette classe ! Cependant, force m’est de constater que l’entraide et la bonne entente sont de mise.
Il est donc important d’installer les bases plutôt que d’aller acheter en catastrophes des pinces à linge et des feuilles a4 !
Etape 1 : remettre l’élève au centre de sa classe.
Pour gagner en calme et en motivation, l’élève est responsabilisé. S’il est lui même à l’origine des comportements positifs observés, il essaiera de faire en sorte de les conserver.
Qui dit responsabilisation, dit responsabilités. Dans ma classe, ils portent le nom de métiers (comme dans beaucoup de classe). La moitié des élèves les fait en semaine paire puis l’autre moitié en semaine impaire.
Commencer la classe coopérative n’a donc rien d’exceptionnel et on le fait quasiment tous !
Mais quels métiers ?
Des métiers habituels, traditionnels :
Le facteur : il distribue et ramasse les feuilles et peut aller passer un message à ma collègue.
Le secrétaire : il écrit la date et efface le tableau. C’est aussi le secrétaire de séance lors du conseil coopératif.
Le bibliothécaire : il range la BCD. Certaines années, il gère les emprunts et les retours.
Le responsable des absents : il conserve les documents des absents et les leur rend à leur retour.
Ceux qui me seront vraiment utiles pour instaurer un climat de classe géré par les élèves eux-mêmes :
Le délégué : il est médiateur et gère les conflits avant qu’ils n’arrivent aux oreilles de Maîtresse. Il est aussi le président du conseil coopératif hebdomadaire.
Le gardien du silence : il possède un bâton de pluie qu’il retourne quand il estime que le bruit est trop élevé. A ce signal, la classe s’arrête, nous levons tous la main et nous abaissons petit à petit chacun de nos 5 doigts.
Le maître des horloges : Il possède deux instruments : un mini-handpan qu’il fait résonner à chaque changement de discipline. Un triangle qu’il fait résonner pour signaler le début et la fin de la récréation ainsi que la fin de la demi-journée.

Le paysagiste : Il contrôle la propreté de la cour et vérifie que lorsque nous quittons l’école de la forêt les lieux sont impeccables.
Le caissier : Il est responsable du matériel de la cour et du matériel à embarquer pour les séance d’EPS.
Le banquier : je lui confie chaque lundi les plans de travail corrigés. Il distribue les rondins (notre monnaie interne) à chaque élève.
Suivant le nombre d’élèves, j’ajoute un ou deux remplaçants et des assistants.
Le bilan et la proposition de nouveaux métiers se font dans le cadre du conseil coopératif (« J’ai une idée »).
Pour aller plus loin, je vous propose la lecture de cet article. Les métiers peuvent faire l’objet d’une formation et d’une transmission. C’est le cas dans une moindre mesure dans ma classe puisque j’ai un double-niveau. Les anciens CM1 sont des passeurs de compétences qui forment les nouveaux arrivants.
Etape 2 : travailler en groupe.

Une erreur à éviter (erreur que j’ai bien évidemment commise) est d’apporter des outils qui ne répondent pas à un besoin identifié par les élèves.
Le besoin doit être créé et répondre à une problématique mise en évidence (pendant le conseil si possible).
Les élèves sont donc disposés en groupe et travaillent de cette façon. Petit à petit, on intègre le plan de travail pour ne plus être obligé d’attendre l’enseignante. Cependant, il n’a pas sa forme définitive. Il est affiché à la vue de tous ou écrit au tableau et ne contient que la liste des activités à faire. On apporte un porte-vue pour avoir les documents nécessaire sous la main.
La fiche EDUSCOL en cliquant ICI.
Un article des cahiers pédagogiques en cliquant ICI.
Etape 3 : communiquer.

Mettre des mots sur nos échecs et nos réussites est essentiel. La mise ne place du conseil coopératif vient consolider ce qui est mis en place. Il permet de faire le bilan mais surtout d’affiner les habitudes prises en fonction de la classe et de ses capacités.
J’ai rédigé un article qui détaille le fonctionnement du conseil coopératif dans ma classe : Le conseil coopératif.
Dans cet article de l’OCCE, vous trouverez des outils clés en main et de bonne facture qui pourront vous aider dans la mise en place d’un conseil coopératif : Outils clé-en-main.
Etape 4 : prendre le contrôle de sa journée.
A ce stade, les habitudes de travail sont prises. Les élèves ont pris conscience de leur pleine propriété de la classe. Ils sont acteurs et évaluateurs de leur journée mais ils sont encore enfermés par leur emploi du temps. Il est temps de leur accorder une plus grande latitude qui vous permettra à vous, enseignant, de quitter le carcan du groupe classe.
La mise en place d’une table de correction et d’une salle d’attente permettra aux élèves de poursuivre leurs activités sans attendre mon intervention.
J’utilise des pinces à linge qu’ils accrochent sur mon pot à crayon. J’appelle les groupes dans l’ordre des pinces à linge et je corrige avec eux l’activité.
Une fois la pince à linge accrochée, ils ne sont plus dépendant de l’avancée de la classe, ils passent directement à l’activité suivante.
Salle d’attente, correction en classe travail en groupe dans cet article.
Etape 5 : Introduction du plan de travail individualisé.
L’auto-évaluation est l’un des points forts des pédagogies coopératives. Pour que les élèves soient à la fois autonome et coopérant, il est indispensable qu’ils sachent s’évaluer et qu’ils aient une image d’eux-mêmes au plus proche de la réalité.

Le plan de travail n’est plus affiché au tableau mais imprimé sur une feuille. Il ne contient que le métier, le travail en autonomie et la partie autoévaluation.
Une fois ce plan de travail correctement maîtrisé. Il est temps d’introduire le plan de travail complet. N’hésitez pas à consulter mon article à ce sujet : Le plan de travail.
Etape 6 : contractualisation.
L’heure est venue de formaliser toutes ces étapes à travers la signature d’un contrat engageant l’élève. Cette signature peut être concrète. Dans ma classe, c’est tacite, mais je ne m’interdis pas un jour de créer un véritable contrat.
Si des élèves contreviennent au bon fonctionnement de la classe coopérative, ils travaillent à nouveau de manière individuelle jusqu’à ce qu’ils puissent à nouveau être intégré dans un groupe tout en étant autonome.
Etape 7 : pour aller plus loin.
La mise en place d’un cahier de réussite est le prolongement idéal de ce fonctionnement. Je n’ai pas encore eu le temps de mettre à jour mon article mais vous pouvez le consulter sur mon ancien blog par ICI.
Alors convaincu ?
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